Un matin, en m'éveillant alors que je me souvenais de bribes d'images du rêve que j'étais en train de faire, une étrange intuition m'est venue avec une question : Et si notre cerveau se servait tout simplement d'images pour stocker nos souvenirs, nos connaissances et les organiser pour nous construire une personnalité ? Notre intelligence puiserait dans cette imagerie pour y trouver les ressources nécessaires à notre réalisation, sur tous les plans. Et, par conséquent, pourquoi ne pas rechercher un moyen de fonder une intelligence artificielle sur ce processus ?

Je ne pense pas forcément à des images comme celles de nos livres, de nos écrans ou même de nos rêves. Je pense à des images mentales sans véritable couleurs ni forme, mais avec toutes les données imaginaires pour les reconstituer (des images vectorielles ?). Au passage, celles de nos rêves seraient simplement recréées par notre cerveau rendu libre de faire ce qu'il lui plaît pendant que notre conscience s'est endormie.

Prenons l’exemple du mot : Il possède une définition que notre intelligence connaît. Mais un mot est bien plus que cela. Il est lié à des souvenirs qui lui donnent une réalité suggestive, différente pour chacun de nous. La somme de toutes ces choses que contient le mot est ce que j'appelle une image du mot. Comme nous relions nos mots en phrases en suivant une logique syntaxique précise, les mots sont reliés entre eux et prennent des sens en fonction des autres mots de la phrase. Là aussi, une phrase n'est pas que le sens qu'elle prend dans son ensemble mais possède aussi un sens suggestif par rapport aux souvenirs qu'elle peut faire apparaître en nous et aussi, en fonction des choses qu'on y met en regardant l'avenir. Ainsi, la phrase est une super images contenant les images des mots qu'elle contient et aussi des éléments qui lui sont propres.

Quand les connexions qui s'établissent entre toutes ces images sont cohérentes et claires, alors la personnalité est construite, stable et forte. Au contraire, quand ces connexions sont chaotiques, l'individu est déstructuré et peut aller jusqu'à être l'objet de troubles mentaux graves. Toutefois, je ne crois pas qu'il n'y ait qu'une seule manière de créer des connexions de l'imagerie mentale. Celles qui ne suivent pas la norme ne sont pas toutes psychopathologiques mais plutôt le fruit d'une différente manière d'organiser sa personnalité pouvant conduire à des comportements incompréhensibles et des solutions nouvelles inimaginées à des problèmes irrésolus par ceux qui restent dans la norme.

Il faut encore savoir comment le cerveau peut créer toutes ses images et les relier ensemble.

Hypothèse : Un mot est stocké à un emplacement unique. Il prend donc très peu de place. Mais il est relié à plein d'autres mots. Ce sont ces liens qui sont significatifs.

En informatique, on stocke les données dans des emplacements mémoire. Si je stocke un livre, je vais le faire avec toutes ses pages, toutes ses phrases et tous ces mots dont beaucoup seront en de nombreux exemplaires. Il faut donc imaginer un moyen de ne stocker que les liens entre chaque mot pour n'en avoir qu'un seul de chaque en mémoire mais pouvant reconstituer toutes les phrases du livre en n'ajoutant que les liens qui les assemblent. Autrement dit, les images reliées entre elles par leur points communs.

Nous aurions donc affaire à des images vectorielles plutôt que des images bitmap.

W